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E181 France-Sénégal, entre amitié et domination

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🗓️ 8 October 2025

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Summary

Quand on voyage au Sénégal, on est frappé par l'omniprésence française. Pour téléphoner, il faut passer par Orange. Pour faire le plein, par Total. Pour retirer de l'argent, on reçoit des francs. Comment expliquer cette familiarité troublante ? L'histoire entre la France et le Sénégal est longue et douloureuse : traite négrière, colonisation, tirailleurs sénégalais, massacre de Thiaroye. L'île de Gorée et sa Maison des Esclaves témoignent de la réalité brutale de cette histoire. Aujourd'hui, la présence française persiste : bases militaires, franc CFA, entreprises françaises dans tous les secteurs stratégiques. Dans cet épisode, Ingrid explore ce lien complexe entre attachement sincère et domination économique. Retrouvez la transcription de cet épisode sur www.innerfrench.com Retrouvez nos cours pour améliorer votre français sur www.courses.innerfrench.com

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France Sénégal entre Amitier et Domination Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode. Comme vous le savez, j'étais au Sénégal il n'y a pas longtemps et à la fin de mon interview dans le dernier épisode, je vous ai même annoncé que j'avais des choses à vous dire sur les relations entre la France et le Sénégal. C'est donc le sujet du jour. Alors il faut savoir que ce sont deux pays qui sont très proches à cause de leur histoire commune et ça, ça se ressent immédiatement quand on arrive à Dakar. C'est quelque chose qui m'a frappé dès mon arrivée. En retirant de l'argent au distributeur, par exemple, j'ai reçu des francs. Des francs, le nom de la monnaie utilisée au sénégal a le même nom que la monnaie que j'utilisais enfant avant arriver de l'euro.

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Puis, sur le trajet de la airport vers le centre-ville, j'ai vu défiler les mêmes enseignes qu'en France. Orange total au champ des quatre lons. En fait, j'avais l'impression d'être chez un cousin éloigné avec une maison qui ressemble à la mienne avec certaines habitudes communes, certains objets, certaines références que je reconnaissais. Mais en même temps, c'était assez perturbant parce que, en fait, je savais très bien que cette familiarité était un héritage de la colonisation. Alors bien sûr, j'avais déjà constaté les héritages de la colonisation française dans d'autres pays. D'ailleurs, je vous avez fait un épisode sur l'indochine quand j'étais au Vietnam. Mais dans les pays d'Asie où j'étais allé, cette héritage se découvrait progressivement à travers des petits détails culturels, par exemple de la nourriture. Alors que là, au Sénégal, c'était beaucoup plus flagrant, beaucoup plus présent. Et ça m'a fait me questionner sur notre histoire commune, sur notre lien aujourd'hui. Alors pendant tout le mois que j'ai passé là-bas, j'ai pu explorer ces questionnements. Et c'est ça dont je voudrais vous parler aujourd'hui. Je voudrais vous raconter ce que j'ai appris de ce lien entre la France et le Sénégal. C'est un lien qui a une histoire, une histoire longue et complexe. Et on va explorer ça ensemble aujourd'hui en allant dans un ordre chronologique. On va commencer par le 17e siècle par la colonisation, la traite négrière et puis ensuite on parlera plutôt du 20e siècle et enfin dans une dernière parti on essaiera de comprendre le lien aujourd'hui alors c'est parti pour comprendre pourquoi il y a tant de frances au sénégal aujourd'hui il faut remonter au 17e siècle À cette époque, les puissants européennes sont en pleine expansion maritime.

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Elle cherche de nouvelles routes commerciales, de nouveaux territoires et des nouvelles riches. Les portes jugais sont les premiers à explorer les côtes africaines, mais rapidement, les Hollandais, les Anglais et les Français les rejoignent. En 1638, des commerces en français de la compagnie Normande fondent un comptoir commercial à l'embout chure du fleuve Sénégal. Un comptoir, vous savez, je vous en ai déjà parlé dans un autre épisode, c'est une propriété des Européens au niveau des côtes comme un petit port qu'ils s'appropriaient pour pouvoir faire du commerce, pour pouvoir laisser leurs bateaux apporter des marchandises et puis repartir avec ces marchandises vers l'Europe. Alors donc d'abord les Français commencent par un comptoir et puis en 1659 1659, ils font de la ville de Saint-Louis,

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construite sur une île du fleuve Sénégal. Cette ville devient le premier établissement français permanent en Afrique-Supsariène. C'est le point de départ de la présence française dans la région. La frique subsarienne, c'est toute laicse à l'exception du maroc, algerie, Tunisie, Libby, Egypte. En gros, on enlève la partie nord qui donne sur la méditerranée et après c'est la fricse sub-sarienne. Donc là, les Français commencent à entrer sur ce territoire-là. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que le Sénégal est considéré comme la plus ancienne colonie française d'Afrique. Mais à cette époque, les Français ne contrôlent que quelques comptoirs sur la côte. L'intérieur des terres reste sous le contrôle des royaumes africains locaux. Ces états ont leurs

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propres structures politiques, système économique et culture. Certains sont même très puissants et organisés. Au début les relations entre les français et ces royaumes sont commerciales. On échange des tissus de l'alcool, des armes feu contre eux de leur de l'y voir et d'autres matières premières.

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L'y voir c'est le matériau qui compose les défenses des éléfants. Donc ça c'était assez précieux pour les Européens. Et puis très vite, les Français prennent par au commerce triangulaire. Donc au début, c'était de relation commerciale égalitaire. Et puis, les Français commencent à entrer dans ce qu'on appelle le commerce triangulaire. Vous en avez forcément déjà entendu parler. Mais, bah c'est comme un triangulaire qui a trois côtés. C'est un commerce qui consiste à échanger 3 types de marchandises venus de 3 continents différents mais le gros problème la chose horrible de ce commerce c'est que une de ces marchandises c'était des esclaves noires capturées en Afrique donc les Européens partaient d'Europe avec avec des marchandises européennes. Ils arrivaient dans les comptoirs sur les côtes africaines et notamment au Sénégal. Ils échangaient leurs marchandises européennes contre des êtres humains qui étaient considérées comme des objets. Et puis ils repartaient avec ces bateaux vers les Américains sur le trajet qui était appelé le passage du milieu les Afriquins qui étaient considérés comme des esclaves, étaient entassés, ils étaient très nombreux, ils étaient dans des conditions très difficiles, tellement difficiles que beaucoup d'entre eux mouraient sur le chemin. Et puis finalement, arrivés en Amérique, les esclaves étaient vendus pour pouvoir travailler dans les plantations et les bateaux eux repartaient en Europe avec du sucre, du café, du coton. Et ça, ça a vraiment fait la richesse des ports français. Pendant deux siècles ça a duré et du coup la relation entre eux, la France et l'Afrique, dont le Sénégal à cette époque, ça reposait vraiment sur cette esclavagisme. D'ailleurs, il y a un endroit en particulier dont je voudrais vous parler qui incarne toute cette histoire. C'est un endroit que j'ai visité quand j'étais au Sénégal et qui m'a fait comprendre cette réalité d'une manière que j'avais jamais ressenti avant. C'est l'île de Gauré. Alors l'île de Gauré ça se trouve à quelques kilomètres large de Dakar. Aujourd'hui c'est un endroit magnifique avec des maisons coloniales collaurées, des rues pas vétronquilles et il y a une vusplandide sur l'océan Atlantique. C'est comme une carte postale. Et sur cette île se trouve un endroit qui s'appelle la maison des esclaves. Elle a été construite en 1776 et aujourd'hui c'est un musée. C'est un bâtiment qui servait de lieu de transit pour les personnes réduites en esclavage avant leur déportation en Amérique. C'est un lieu petit, sobres. Il n'y a pas de mise en scène spectaculaire dans le musée. Quand j'y suis allé, j'ai passé des heures à lire les panneaux qui expliquent l'histoire. J'ai vu les cellules des pièces minuscules, sombres, sans fenêtre, où des dizaines de personnes étaient tentacées pendant des semaines, parfois des mois, en attendant d'être récupérée

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par un avril commercial. Il y avait des cellules séparées pour les hommes, pour les femmes, pour les enfants, et même une cellule pour les jeunes filles vierges qui coûtaient un peu plus cher. Il y avait des chaînes fixées au mur, j'ai imaginé les boules et lourds attachés au Chevie,, la chaleur, l'obscurité, la peur, le désespoir. Et puis, au bout d'un couloir étroit, il y a ce qu'on appelle la porte du voyage sans retour. C'est une petite ouverture qui donne directement sur l'océan. Et par cette porte, les esclaves embarquées sur des chaloupes des petites embarcations à rame qu'il est conduisé au navire négrillé en créolage. Une fois qu'il franchissait cette porte, il ne revoiait plus jamais leur terre, leur famille, leur vie d'avant. Et alors, dans la dernière cellule juste avant cette porte, j'ai été submergée par un trop plein d'émotions. Je me suis mise à pleurer, parce que c'était plus qu'une leçon d'histoire abstraite. C'était réel, c'était là. Des êtres humains avaient souffert dans ces murs, et je portais le même passeport, je parlais la même langue que ceux qui avaient organisé cela. Ça peut paraître bizarre à certains de savoir que je m'identifie à ceux qui participaient à ça. Mais en lisant les panneaux, c'était quand même flagrant. On voyait les grands noms des personnes qui étaient envoyées par la France pour contrôler toutes ces terres et pour contrôler ce marché. Et donc forcément, ça m'a impacté. J'étais très triste et j'ai ressenti, je sais pas si une culpabilité, mais quelque chose d'assez fort qui ressemble en tout cas à une reconnaissance du rôle de mon pays dans ses atrocités. Alors il faut que je vous dise quelque chose, il y a un débat historique sur le rôle exact de la maison des esclaves de Gouré. Certains historiens conteste qu'elle était un centre majeur de la traite. Mais c'est pas très important ce débat parce que le plus important c'est que finalement aujourd'hui G Gauré est devenu un lieu de mémoire universelle.

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L'UNESCO, la classée au patrimoine mondial, et c'est un endroit où on peut se recueillir, se souvenir, et ressentir justement ces émotions que j'ai ressenti. Et je pense que c'est important....

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... ressenti et je pense que c'est important. Avant son maintenant dans le temps, au 19e siècle, après la volition progressive de l'esclavage, en France, c'est en 1848, on pourrait penser que la France va quitter le Cénégal. Mais c'est le contraire qui se produit. La France est en son contrôle. En 1854, Louis Fédherbe devient gouverneur du Sénégal. C'est un militaire et il va mener une politique d'expansion agressive. Il lance des campagnes militaires contre les royaumes de l'intérieur. Certains royaumes résistent longtemps, mais finissent par tomber. Un à un, ces états souverains qui existaient depuis des siècles sont conquis. Cette conquête s'accompagne d'une idéologie que vous connaissez peut-être, la mission civilisatrice. L'idée des européens c'est que

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ils sont supérieurs et qu'ils ont le devoir moral de transmettre le progrès et la civilisation notamment à travers la religion au peuple qu'ils jugent inférieurs. Le modèle colonial français en, est basé sur l'assimilation. L'objectif est de transformer les colonisés en français. On impose la langue française dans l'administration et l'éducation, on impose le système juridique français et les valeurs françaises. Mais cette assimilation est hypocrite. En réalité, les colonisées ne deviennent jamais vraiment des citoyens français à part entière. Alors, il y a quelques exceptions, notamment avec les habitants des communes de Saint-Louis, Gourais, D'Ackard et Rufisq, qu'on appelle les quatre communes. Cela à partir de 1916, ils ont le statut de citoyens français, mais on peut dire que cette situation-là, c'est l'arbre qui cache la forêt. Quand on dit l'arbre qui cache la forêt, ça veut dire que c'est une chose exceptionnelle qui invisible, qui rend invisible le phénomène le plus rend invisible le phénomène le plus important. Et le phénomène le plus important, c'est que les populations colonisées étaient considérées comme des indigènes. Ça je vous en ai parlé dans mon podcast sur l'Algérie. C'est-à-dire que c'était des citoyens un peu des sous-citoyens français, des citoyens français mais qui n'avaient pas complètement la citoyenneté, qui n'avaient pas exactement les mêmes droits et les mêmes devoirs. Donc voilà, ça c'est la situation au 20e siècle. Dans les années 1900, le Sénégal est pleinement intégré à l'empire colonial français. Le système économique est conçu pour extraire les ressources du pays au profit de la métropole. Les Sénégalais sont soumis au travail forcé. Ils sont obligés de travailler pour l'empire colonial et ce ce qu'on extrait dans leur terre, sert principalement à enrichir la France hexagonale. Et puis, dans ce contexte-là, surviennent les deux guerres mondiales. Et là, on découvre un sacré paradoxe. alors que les sinégalais étaient traités comme des sujets de seconde zone dans leur propre pays, on les appelle à défendre la France, à mourir pour la France. On recrute des centaines de milliers de soldats en Afrique de l'Ouest. On les appelle de façon générique les tir ailleurs sénégalais. Même ce qui vienne pas du sénégal mais qui vienne des pays voisins, on dira que ce sont des tir ailleurs sénégalais parce que le sénégal est le port principal par là où passe ces soldats. Et donc qu'est ce que c'est que ces tir aest négallés? Et bah, c'est des soldats africains qui sont envoyés pour combattre pour la France. Pendant la première guerre mondiale, il y a environ 200 000 soldats qui sont envoyés. Ils se battent dans les tranchées, un verdin, dans la somme, dans la marne, et ils meureurt par dizaines de milliers. Si vous voulez en savoir plus sur cette histoire, vous pouvez voir le film Thiraire avec Omarci qui est sorti à deux ans je crois et qui raconte justement cette histoire. Et puis pendant la Seconde Guerre mondiale, ils sont à nouveau mobilisés. En 1944, ils participent au débarquement de province et à la libération de la France, dont on vous parlait avec Hugo justement dans l'épisode de 163. Cette histoire-là, elle est racontée dans le film Indigène. Une partie importante des troupes qui ont libéré la France était constituée de soldats africains. Et pourtant, ces soldats ne sont pas remerciés à leur juste valeur. Une fois la guerre terminée, ils rencontrent de grosses difficultés pour recevoir leur pension, c'est-à-dire la somme d'argent qu'un soldat est censé recevoir après le combat. Leur pension sont gelé à un niveau très bas, plusieurs fois inférieurs à celle des soldats français. D'ailleurs, dans l'interview de l'épisode précédent, c'est s'il parlait de la commémoration d'un événement, le massacre de Tiaraue. Alors, le massacre de Tiaraue s'est lié au tireilleur s' Sénégalais. Ça s'est passé le 1er décembre 1944, au camp militaire de Tiaraue près de Dakar. Des Tiarailleurs Sénégalais qui venaient de rentrer d'Europe, attendaient depuis des semaines le paiement de leurs salaires et de leurs primes. Les promesses n'étaient pas tenues, et alors ils se rassemblent et ils manifestent mais pacifiquement. Attention c'est très important, c'était pacifique, mais la réponse de l'arme française est terrible. Elle ouvre le feu à l'arme automatique sur ses soldats qui venait de se battre pour libérer la France. Officiellement, lors de ce massacre, il y a eu 35 morts, mais de nombreux témoignages suggèrent que le bilan réel est beaucoup plus élevé. Pendant des décennies, ce massacre a été étoffé, et il a fallu attendre 2004 pour que le président français reconnaisse officiellement que l'armée française avait, entre guillemets, massacrées, ses soldats. Et puis, après la guerre, le mouvement indépendantiste grandit dans les colonies. Au Cénégal, il est porté par l'éopold Cédard Senghor. Né en 1906, il fait des études brillantes en France. Il devient agrégé de Gramers, le premier africain a obtenir cette distinction. C'est un poète magnifique, un intellectuel reconnu. Avec Émés Caesar, de Martinique et Leongon-Trand-Damas, de Guillan, il développe le concept de négritude, un mouvement culturel et politique qui émerge dans les années 30, avec l'idée centrale de revendiquer et valoriser l'identité noire, la culture africaine face aux racisme coloniales. Mais Saint-Gor reste profondément attaché à la France et à la culture française. Il ne veut pas une rupture totale. Il défend l'idée de la francophonie. La francophonie c'est un espace où les pays francophone collabore sur un pied d'égalité. Pour Saint-Gorne, il n'y a pas de contradiction à être profondément sénégalé et profondément francophone. Finalement, en 1960, le sénégal accède à l'indépendance et Saint-Gort devient le premier président. Ça fait donc 65 ans que le sénégal est un état indépendant, fondé à l'origine sur l'idée d'un lien fort avec la France, avec la conviction qu'une collaboration sur un pied d'égalité est possible, notamment grâce à une langue commune. Mais qu'en est-il vraiment aujourd'hui? Quelles sont les éléments qui structurent le lien entre la France et le Cénégal en 2025? Est-ce qu'on peut vraiment parler d'égalité entre les deux Etats?

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C'est ça qu'on va voir dans la dernière partie. Alors on est en 2025, le Sénégal est en dépendant depuis 65, et pourtant la présence française reste massive. Pendant des décennies après l'indépendance, la France a maintenu une présence militaire permanente au Sénégal. Officiellement, il s'agit de coopération militaire, de formation, de lutte contre le terrorisme, mais depuis quelques années, un vent de contestation souffle sur le continent. Au Mali, au Burkina Faso, au Niger, les populations réclament le départ des forces françaises. On voit des manifestations avec des pancartes qui disent France dégage, donc France vattend. Pourquoi? Parce que pour beaucoup d'Africains, cette présence militaire symbolise la continuation de la domination coloniale. La France est perçue comme un pays qui veut toujours comproler ses anciennes colonies. En 2024, Basirou diomai-faye est élu président du Sénégal. C'est un homme jeune de 44 ans et qui représente une nouvelle génération. L'un de ses engagements forts, c'est ce qu'on appelle la souveraineté nationale. Quelques mois après son élection, il a annoncé que les bases militaires

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françaises devraient quitter le Sénégal. C'est un tournant historique. Le Sénégal était considéré comme l'un des alliés les plus fidèles de la France en Afrique. Et si même le Sénégal demande le départ des troupes françaises, cela marque vraiment la fin du n'époque.

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Je tiens ici à préciser qu'en parlant avec beaucoup de sénégalais, j'ai compris

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que deux choses pouvaient exister en même temps. D'un côté, un attachement est une amitié pour la France et en même temps, une envie de plus d'indépendance. J'ai ressenti à aucun moment une animosité envers les Français ou même un rejet de la langue française. Il veut juste ne plus avoir de soldats français sur leur territoire en permanence et ça peut se comprendre. Alors en plus de l'aspect militaire, l'aspect de domination qui persiste, c'est la domination économique. Alors parlons d'abord un peu d'argent.

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En introduction, je vous disais que la monnaie du Sénégal, c'était le franc. Plus exactement, c'est le franc CFA. Le franc CFA a été créé en 1945 par la France pour C'est colonie africaine.

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A l'origine, CFA signifiait

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franc des colonies françaises d'Afrique. Après les indépendances, le nom a changé, mais le système reste. Aujourd'hui, 14 pays africains utilisent encore cette monnaie, cette devise. Alors comment ça fonctionne? Imaginez que vous vous liez créer votre propre monnaie pour votre pays. Normalement, votre banque centrale imprime les billets. Elle décide combien d'argent est en circulation? Si votre économie a besoin de plus d'argent, vous en imprimez plus. Mais avec le français FA, n'est pas comme ça. Il a une valeur qui est attachée à l'euro. Un euro vaut toujours 655 Français F1. Ce nombre ne change jamais. C'est la France qui garantit cette valeur. En échange, les pays qui utilisent cette monnaie doivent suivre certaines règles décidées en partie par la France. Et historiquement, ils devaient même garder la moitié de leur réserve d'argent dans les banques françaises. Certains disent que c'est bien, parce que ça donne de la stabilité. L'argent ne perd pas soudainement sa valeur, contrairement à ce qui peut arriver dans d'autres pays africains. Mais beaucoup de gens critiquent ce système. D'ailleurs, il y a un économiste sénégalais et une journaliste française qui ont écrit récemment un livre pour expliquer en quoi le francé FA serait une arme invisible de la France Afrique. La France Afrique, c'est le terme qu'on utilise pour parler d'une néocolonialisme français en Afrique. Dans les années 1960 et jusqu'à 1990-2000, il était très visible à travers les liens entre les hommes politiques français et des dictateurs africains, avec des scandales de la corruption des ingérences. Aujourd'hui, ce système est devenu plus subtil, plus discret. Il ne passe plus par des valises de biais ou des coups d'État, mais par des mécanismes économiques comme la monnaie ou la présence massive des entreprises françaises. Et puis, au-delà de la monnaie, la présence économique française est massive à travers les entreprises. Je vous l'ai dit, quand vous vous promenez à d'accord, elles sont partout. Si vous avez besoin d'une carte sim pour votre téléphone, il faudra aller chez orange. Si vous voulez regarder la télé, ce sera canal plus pour mettre de l'essence dans votre voiture, il faut aller dans une station service totale. Pour les banques, il y a la société générale et la BNP qui domine quand vous voyez un bâtiment. Il y a des grandes chances qui soient construits par vincille ou BWIG. Et puis même au port, c'est bolorer logistique qui gère presque tout. Bref, les secteurs stratégiques de l'économie sénégalaises sont largement contrôlés par des entreprises françaises. Les profits sont rapatriés en France et le comble c'est que parmi les propriétaires de ces grandes entreprises, notamment Vincent Bolloré dont je vous ai déjà parlé aussi dans un épisode, beaucoup milite pour qu'en France on limite l'immigration. Alors même que une grande partie de l'immigration est causée par la pauvreté dans ces pays qui n'ont pas accès directement à leur propre ressource. Ah oui, je crois que je viens de dire le comble. Oui, le comble, c'est qu'on a des propriétaires d'entreprise en Afrique qui sont contre l'immigration en France, ça veut dire que c'est le maximum de la contradiction, le maximum de l'ironie. Quand on dit, c'est le comble, c'est que vraiment c'est quelque chose qui est un peu absurbe. Alors, je pense que c'est ce comble, cette contradiction que j'ai ressenti en arrivant à Dakar et que j'ai pas su décrire tout de suite. Une présence française pas tout à fait inocente, et qui est ironique quand on s'elle et discours qui peuvent dominer en France actuellement sur les pays africains. Alors, quand je discuter avec les sénégalais qui m'expliquaient poliment qu'ils pensaient que ce serait bien que leur pays reprennent le contrôle de leur industrie, de leur télécommunication, de leur monnaie, je pouvais que leur donner raison. Ça nous empêchera pas de partager une amitié et la richesse de nos cultures. Au contraire, on pourra encore mieux échanger. Quant on pourra être sur un pied d'égalité. Ça veut pas dire qu'il faut lâcher tout d'un coup, mais ce serait bien que progressivement le lien de domination devienne un vrai lien d'amitié et de collaboration. Et ce sera le mot de la fin pour cet épisode. C'est mon avis, c'est celui que je me suis fait en voyageant dans ce beau pays. Il est personnel, mais je sais qu'il est partagé par beaucoup de monde. Si vous n'êtes pas d'accord ou même si vous êtes d'accord ou partiellement d'accord, n'hésitez pas bien évidemment à le faire savoir en commentaire. Je serai ravi de vous lire mais surtout n'oubliez pas d'être respectueux. Je sais que ce genre de sujet peut un peu échaufer les esprits mais on n'oublie pas d'être poli et d'être dans la discussion constructive. Je vous remercie beaucoup pour votre écoute et je vous

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dis à tous, à très bientôt. Salut salut!

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